Loin d’Elle
(Away from Her)
Un film de Sarah Polley
D’après la nouvelle « The bear came over the mountain », d’Alice
Munro
Avec Julie Christie, Gordon Pinsent, Michael Murphy, Olympia Dukakis, Anna Paquin…
Ceux qui apprécient le cinéma et n’hésitent pas à s’aventurer vers des œuvres personnelles seront touchés par Loin d’Elle, premier long métrage de la comédienne canadienne Sarah Polley.
Sara Polley, actrice magnétique, sensible, qui nous a épaté dans Ma vie sans Moi & The Secret life of Words, deux films d’Isabel Coixet, fait donc ses premiers pas derrière la caméra, avec l’adaptation d’une nouvelle d’Alice Munro.
Le titre n’évoque pas tant un éloignement physique mais surtout l’éloignement du cœur, de la pensée, des sentiments. Loin d’Elle parle d’une maladie que le cinéma n’aborde que rarement, la maladie d’Alzheimer, destructrice de la mémoire et des sentiments.
Fiona et Grant sont mariés depuis de nombreuses années et passent des jours paisibles au Canada, entre dîners avec des amis, ballades en ski, et un amour qui est indéfectible malgré le temps et les difficultés du passé.
Mais lorsque Fiona commence à perdre la mémoire, c’est toute leur vie, leur couple qui va en être changé. Au bout de quelques temps, Fiona n’est plus à même de rester auprès de Grant et c’est à contre-cœur qu’il accepte de la placer dans un institut pour malades, où elle aura une assistance permanente.
Malgré le déchirement, Grant pense que la période d’intégration de 30 jours est supportable et il patiente pour la revoir. Mais lorsqu’il la revoit enfin, celle-ci l’a presque déjà oublié et s’est lié avec un autre pensionnaire, Aubrey.
Pour un premier film, on ne peut que souligner la justesse et l’émotion que suscite l’œuvre de Sarah Polley. La maîtrise du jeu des comédiens, du cadre, de l’émotion, est tout simplement éblouissante. La jeune femme réussit à filmer un sujet extrêmement difficile et douloureux sans pour autant sombrer dans l’émotion à outrance, les grands discours et la complaisance. Bien au contraire, c’est la simplicité avec laquelle elle filme qui en fait le succès.
D’un sujet profondément douloureux, la perte d’un amour « oublié » par l’autre, elle en tire un film sur l’amour, sans distinction d’âge ou de culture.
L’interprétation de Julie Christie est remarquable, tout comme celle de Gordon Pinsent. Le couple qu’ils forment touche et lorsqu’elle commence à « partir », l’émotion qui transpire à l’écran est palpable, fulgurante et dure. Ce récit, adapté par Sarah Polley pour Julie Christie, partenaires dans The Secret Life of Words, d’Isabel Coixet.
Loin d’Elle fait réfléchir sur la maladie et plus précisément sur la perte de l’être aimé, quelque soit le contexte dans lequel elle arrive.
Ce coup d’essai de Sarah Polley est un vrai coup de maître(sse) et il nous tarde maintenant de découvrir sa prochaine œuvre que l’on espère aussi inspirée et réussie !!
A voir absolument !
Arnaud Meunier
01/05/2007